La place de l’épuisement professionnel ou burnout dans la classification des maladies professionnelles a dernièrement fait l’objet de nombreux débats. Quoiqu’il en soit, l’épuisement professionnel est monnaie courante dans le monde du travail. De nombreux facteurs nommés risques psychosociaux peuvent conduire un individu dans cet état. Quels sont-ils ? Comment se préserver de l’épuisement professionnel ?
Épuisement professionnel ou burnout, de quoi s’agit-il ?
Le burn-out désigne un état d’épuisement émotionnel, physique et psychique qu’éprouve un salarié dans l’exercice de son travail. Cet épuisement est provoqué par l’engagement et l’investissement que le salarié met au service de son travail dans des conditions de travail parfois exigeantes pour ses émotions.
Ensuite, pour le salarié, ce syndrome d’épuisement professionnel est avant tout un processus qui va détériorer son rapport au travail. Le lien qu’il a construit avec son travail et son environnement social se dégrade progressivement, selon trois prismes.
L’épuisement physique, émotionnel et psychique
À ce stade, le salarié a le sentiment d’être vidé. Il éprouve une fatigue excessive et chronique face aux risques psycho sociaux. Malgré les jours de repos, vacances, il lui est impossible de se reposer et de se détacher mentalement du travail.
L’attitude cynique envers les collègues ou clients
En effet, l’attitude cynique est la seconde étape de la dégradation du lien que le salarié a avec son travail. Il commence d’abord par se détacher de son travail et de l’environnement qui le compose (les collègues, les clients, la hiérarchie etc.). Puis, il se laisse aller, peu à peu, dans une attitude négative, se désintéresse de son travail et ne s’investit plus. Inconsciemment, il se met en retrait de l’activité, pour se préserver de cet environnement qui mobilise rudement ses émotions.
Dégradation de l’épanouissement personnel
La perte de l’épanouissement personnel et la dégradation de l’estime de soi correspondent à dernière phase de l’altération de son attache pour le travail. Il s’agit d’une remise en question de soi. La personne a le sentiment d’être inutile et de ne pas mériter sa place.
En somme, le rapport au travail se dégrade par un désengagement qui marque la phase d’épuisement, des sentiments changées par l’apparition d’une attitude cynique, et une remise en question de soi. Sur le long terme, le burnout agit comme une spirale « infernale » pouvant conduire à la dépression. Cette spirale détache le salarié de la sphère du travail mais aussi de la sphère familiale. En effet, ces symptômes viennent impacter l’environnement personnel. (1)
L’origine et les symptômes du burnout
Les risques psychosociaux
L’épuisement professionnel trouve son origine dans les risques psychosociaux (RPS). Les risques psychosociaux sont des situations de travail qui exposent les salariés au stress, à des violences internes (harcèlement moral, sexuel etc.) ou externes. (2)
Ces risques psychosociaux peuvent se cumuler. Ils émergent à cause de certains facteurs de risque liés à l’organisation du travail ou à l’activité en elle-même. Par exemple, le stress peut apparaître à cause d’objectifs irréalistes, d’une surcharge de travail etc. Ces risques psychosociaux suscitent un fort engagement physique et émotionnel de la personne ce qui peut avoir des conséquences sur sa santé comme l’épuisement professionnel.
En somme, des facteurs de risque favorisent l’émergence de risques psychosociaux (stress, violences internes et externes) impactant la santé du salarié.
Les caractéristiques individuelles
Des traits de personnalités comme l’instabilité émotionnelle ainsi que l’identité propre de l’individu sont aussi des éléments importants. Par ailleurs, le sens donné au travail et la place qui lui est accordé dans une vie, peuvent aussi plus ou moins exposer la personne au burnout.
Les symptômes du burnout
Des signaux peuvent manifester l’émergence d’un syndrome d’épuisement professionnel. Ils se répartissent dans différentes catégories.
- Des symptômes physiques : une fatigue constante accentuée par des troubles du sommeil sont observés. Des douleurs musculaires, des maux de tête, des vertiges ainsi qu’une prise ou une perte de poids sont aussi constatés.
- Sur le champs cognitif : des difficultés de concentration, difficultés à réaliser le travail. Il arrive de faire des fautes ou d’oublier certaines choses.
- Sur le plan émotionnel : l’individu accuse une baisse de motivation. Il est sujet à des peurs qu’il ne sait expliquer et a le sentiment d’être dépassé, de ne pas contrôler la situation. La personne peut être marquée par une hypersensibilité ou à l’opposé, elle peut ne pas souhaiter exprimer son humeur, ses émotions.
- Au niveau des relations interpersonnelles : les relations interpersonnelles peuvent aussi signaler un burnout. Sur le lieu de travail, il y a un repli sur soi et un comportement hostile voir agressif envers les collègues. Cette attitude est motivée, inconsciemment, par la frustration et le ressentiment que le salarié éprouve face à cette situation qui lui apparaît sans issues.
- Niveau de performance au travail : la qualité du travail et la motivation se trouve diminuées. Des doutes sur sa réelle valeur, utilité, dans l’entreprise submergent le salarié et le pousse à se déprécier.
Par ailleurs, il est intéressant de souligner que la prise de conscience des effets du burnout et plus largement des risques psychosociaux sur la performance d’une entreprise a largement contribué l’inclusion du bien-être au travail dans la culture managériale. Absentéisme, retards répétitifs, ambiance, turn-over… sont autant de facteurs qui peuvent alerter sur un environnement de travail malsain pour les salariés.
Prévention et prise en charge
Se prémunir par des mesures préventives
Comme les risques professionnels, les risques psychosociaux, à l’origine du burnout, doivent être considérés par l’entreprise. Des outils pour les repérer et les réduire doivent être mis en place. Les salariés et le personnel encadrant doivent être informés et formés à ces risques.
Diagnostic et prise en charge
Bien que la médecine du travail et les médecins généralistes soient sensibilisés à ces risques, il reste difficile de diagnostiquer un burnout. C’est par l’entretien, la libération des échanges avec la personne que le médecin pourra établir un diagnostic.
Un bilan psychologique et un suivi sont impératifs pour les personnes souffrant d’épuisement professionnel. La prise en charge dépendra de l’état d’épuisement et les symptômes de chaque personne.
Un arrêt de travail pourra être imposé afin que la personne se repose, puisse reconstruire son identité et retrouver son envie de travailler. (3)
Le syndrome d’épuisement professionnel n’épargne donc personne puisqu’il est avant tout lié aux risques psychosociaux qui se baladent dans l’entreprise.