L’endométriose est une maladie gynécologique chronique, qui touche aujourd’hui environ 1 femme sur 10. Cette maladie est aussi définie comme complexe car elle se développe de façon différente d’une femme à une autre. Longtemps peu connue et par conséquent peu diagnostiquée, les connaissances et recherches sur cette maladie sont aujourd’hui beaucoup plus importantes. Alors que les consciences s’éveillent de plus en plus à ce sujet, l’Assemblée nationale française reconnait, en janvier 2022, l’endométriose comme une affection de longue durée (ALD). De quoi porter l’espoir de nouvelles solutions pour de nombreuses femmes.
La semaine européenne de prévention et d’information sur l’endométriose aura lieu du 7 au 13 mars 2022.
L’endométriose, une maladie peu connue et encore incomprise
Selon l’association de lutte contre l’endométriose EndoFrance, on connait souvent l’endométriose de nom, on connait parfois ses symptômes, mais très peu de gens savent expliquer les causes et caractéristiques cette maladie. Cela est notamment du à sa complexité : on dit qu’il existe « des » endométrioses et non une seule, tant elle peut être différente selon le profil de la personne atteinte.
La maladie
L’endométriose est une maladie chronique qui touche les femmes en âge de procréer, c’est à dire entre l’apparition des premières règles, et jusqu’à la ménopause. La maladie se caractérise par la présence de foyers d’endomètre en dehors de la cavité utérine.
L’endomètre est la muqueuse interne de l’utérus. Il change d’épaisseur en fonction de la phase du cycle et sous l’influence des hormones ovariennes. S’il n’y a pas de nidation après la fécondation, c’est à dire s’il n’y a pas d’implantation de l’embryon dans la muqueuse utérine ou l’endomètre, ce dernier se désagrège et s’évacue à l’extérieur par le vagin : c’est ce que l’on nomme les règles.
Les femmes touchées par l’endométriose ont des foyers d’endomètre qui s’implantent dans les différents organes pelviens (péritoine, ovaires, intestin ou encore vessie). Ces foyers peuvent aussi, plus rarement, être présents dans d’autres organes du corps comme le côlon, le creux de l’aine ou les cicatrices cutanées.
Les foyers d’endomètre réagissent aux fluctuations hormonales du cycle menstruel. Ils vont s’épaissir et saigner mais ne seront pas évacués par les voies naturelles (vagin). A l’endroit où ces foyers se trouvent, ils provoquent des lésions et/ou des nodules et/ou des kystes mais aussi des réactions inflammatoires avec formation de tissu cicatriciel et d’adhérences entre les organes proches. C’est pour ces raisons que de fortes douleurs sont causées par la maladie.
Quels en sont les symptômes ?
La maladie provoque de nombreux symptômes qui peuvent être liés à la localisation de l’endométriose. Ces symptômes peuvent être chroniques, périodiques, voire absents et leur intensité ne témoigne pas de la gravité des lésions.
La douleur est le symptôme le plus présent et le plus significatif de la maladie. Cette douleur est dans la plupart des cas caractérisée par des règles douloureuses (dysménorrhée), des douleurs pendant les rapports sexuels (dyspareunie), des douleurs pelviennes courantes, des défécations douloureuses, une difficulté pour uriner (dysurie), des douleurs lombaires et abdominales (ombilicales …), ou encore des douleurs pelviennes ou lombaires pouvant irradier jusque dans la jambe (cruralgie). Cette douleur est invalidante et provoque une incapacité totale/partielle durant quelques jours. Elle nécessite de recourir à des antalgiques puissants et morphiniques.
Le symptôme le plus révélateur est la douleur gynécologique. Cette douleur est liée au cycle et elle se manifeste fréquemment de manière plus aiguë au moment de l’ovulation ou des règles. La douleur peut entraîner une incapacité de mener une vie normale au niveau professionnel et personnel. Elle peut aussi entraîner des pertes de connaissances et vomissements. Dans ces cas-là, il est nécessaire de recourir à des médicaments anti-douleurs (comme les morphiniques).
Pour résumer, les principales douleurs entraînées par l’endométriose sont :
- Les règles douloureuses et les saignements
- L’infertilité
- Les troubles digestifs
- Les troubles urinaires
- La fatigue chronique
- Les douleurs pelviennes et lombaires
- La dyspareunie
Quelles sont les causes de cette maladie ?
On dit que les causes de l’endométriose sont « multifactorielles ». En effet, plusieurs éléments favorisant l’apparition de la maladie ont été identifiés par les chercheurs : problèmes mécaniques obstruant l’appareil génital, facteur génétique, facteurs hormonaux, réponse immunitaire et inflammatoire inadéquate de l’organisme, etc.
Il existe aussi 2 théories pouvant expliquer l’apparition de la maladie, mais aucune n’a réellement été démontrée comme exacte à ce jour.
La première théorie concerne la transplantation de cellules endométriales par les trompes ou les voies lymphatiques ou vasculaires, ou suite à un acte chirurgical gynécologique.
La deuxième théorie est celle de la métaplasie, la transformation d’un tissu en un autre tissu anormal. Le tissu péritonéal doit donc se transformer en tissu endométriosique soit spontanément, soit à cause de facteurs hormonaux.
Les causes encore floues de l’apparition de cette maladie ont un impact important sur les femmes atteintes, notamment par rapport au diagnostic. Il existe dans un très grand nombre de cas une errance médicale longue, période durant laquelle les femmes souffrent de douleurs à chaque période de règles, voire parfois quotidiennement, sans en connaître la cause. On estime qu’il faut environ 7 ans pour poser de diagnostic de l’endométriose.
Que faire lorsque l’on pense être atteinte d’endométriose ?
Le diagnostic
Il passe par plusieurs formes. La première chose est de répondre aux questions de son médecin ou gynécologue sur les symptômes ressentis. Cet interrogatoire permettra au professionnel de santé de prescrire les examens adaptés et d’orienter le diagnostic.
Il y a ensuite plusieurs examens possibles pour diagnostiquer l’endométriose :
- Les examens radiologiques
- L’échographie ou l’échographie pelvienne voire l’échographie endo-vaginale : permet de déterminer la présence de kystes ovariens
- L’IRM : permet de détecter des kystes, des nodules, ou des lésions et de confirmer les résultats de l’échographie endo-vaginale.
- Hystérographie ou Hystérosalpingographie : permet de rechercher les malformations utérines, les déformations de la cavité utérine par des adhérences ou la perméabilité des trompes.
- L’échographie endorectale : examen réservé à l’exploration des lésions d’endométriose profondes qui pourraient concerner le rectum
- Coloscanner à l’air, coloscopie virtuelle, uroscanner : exploration fine de l’ensemble du rectum et du colon
- Les examens chirurgicaux
- Cœlioscopie (ou laparoscopie) : c’est l’examen de référence pour la pose d’un diagnostic complet.
- Laparotomie (ou laparatomie) : utilisée anciennement pour le traitement chirurgical de l’endométriose.
Le délai entre les premiers symptômes et le diagnostic est entre 6 et 10 ans (avec une moyenne autour de 7 ans comme mentionné précédemment). Ce retard dans le diagnostic est et a souvent été causé par des facteurs culturels : la douleur liée aux règles est généralement considérée comme normale, ce qui n’est pas le cas.
Le traitement
Il existe plusieurs traitements contre l’endométriose qui permettent de soulager la douleur. Néanmoins, à ce jour il n’existe pas de traitement qui soigne l’endométriose. En effet, la maladie est incurable pour le moment. Un suivi médical à vie est donc nécessaire pour les femmes atteintes d’endométriose.
La maladie diminue et disparaît fréquemment après la ménopause. Néanmoins elle doit quand même faire l’objet d’un suivi.
- Le traitement hormonal : les traitements contraceptifs (pilule, stérilet, implant) vont permettre de mettre les ovaires au repos car ils font disparaître les cycles et atténuent donc la douleur, même si ça ne règle pas totalement l’endométriose.
- La cure de ménopause artificielle : si le traitement hormonal ne suffit pas, on peut procéder à des injections de GN-Rh qui mettront la patiente dans un état de ménopause.
- Le traitement chirurgical : il peut être envisagé si aucun traitement n’a soulagé la patiente. La cœlioscopie avec ablation de toutes les lésions endométriosiques est la technique envisagée.
Les traitements médicaux peuvent avoir des effets secondaires, une absence de réponse après une certaine période, mais aussi l’impossibilité d’être enceinte sous traitement, alors qu’environ 30 à 40% des femmes concernées rencontrent déjà des problèmes d’infertilité liés à la maladie.
Rôle du pharmacien et conseils en officine
Un pharmacien n’a pas vocation à diagnostiquer l’endométriose, mais son rôle de professionnel de santé, accessible et ayant un contact privilégié avec les patient peut être un point fort pour l’accompagner de cette maladie.
Pour accompagner les patientes atteintes d’endométriose, un pharmacien peut orienter vers des solutions pour soulager les douleurs liées à la maladie et notamment aux dysménorrhées. Si dans un premier temps, des anti-douleurs, anti-inflammatoires et antalgiques peuvent être conseillés, il est aussi possible de suivre un traitement à base de phytothérapie. Certaines pharmacies sont spécialisées dans ce type de traitement, et seront donc aptes à conseiller des produits adaptés, selon le profil de la personne atteinte par l’endométriose, et ses besoins.
Le pharmacie est également amené à faire souvent de la prévention auprès de sa patientèle. A ce titre, il est important de rappeler que ce type de douleur n’est pas normal, même pendant les règles et quel que soit son âge, et que des solutions pour les soulager existent. N’hésitez pas à demander conseil à votre pharmacien.